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Obéir ou pas?

COVID-19: Suivre les directives ou ne pas les suivre?

Seul face à l'océan:

Depuis le début de la crise liée à la COVID 19, deux clans s’opposent à grand coup de dénonciations de complots ou d’une soumission à une société plus ou moins secrète et malveillante ou de coups de gueule contre ceux qui mettraient en danger les autres par bêtise ou égocentrisme. Nous pouvons, tous les jours, observer et vivre ces débats, souvent vifs, que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans les médias!

Comment expliquer que la population puisse pareillement se diviser en deux clans opposés? Pourquoi une partie de la population suivent les directives des autorités alors qu’une autre grande partie revendique de ne pas s’y soumettre?

Soumission à l’autorité:

Je vous propose un petit retour en 1963. Peut-être vous souvenez-vous de l’expérience de l’américain Stanley Milgram. L’expérience de Milgram était une expérience de psychologie. Elle avait pour but d’évaluer le degré d'obéissance d'un individu devant une autorité qu'il juge légitime. Elle permit d'analyser le processus de soumission à l'autorité, notamment quand elle induit des actions qui posent des problèmes de conscience aux cobayes.

Pour ce qui était de l’autorité jugée légitime, souvenez-vous qu’en 1963, si vous étiez membre de la communauté scientifique, la blouse blanche vous conférait auprès du reste de la population une déférence et un respect que nul n’imaginait ne pas respecter. A cette époque donc, l’autorité des examinateurs, était jugée légitime par les cobayes de par la représentation qu’ils avaient d’un expert scientifique.

Le problème de conscience auquel étaient confrontés les cobayes de Milgram venait de la confrontation de deux éléments.

1. Le premier était que les cobayes réalisaient petit à petit et de plus en plus intensément qu’ils finissaient par torturer leur partenaire d’expérience en leur envoyant une décharge électrique de plus en plus forte.

2. Deuxièmement, leur morale personnelle, leur conscience, leur interdisait de torturer quelqu’un. 

Comment se libérer de la tension?

Milgram avait, constaté que pour se libérer de cette tension entre «suivre des directives qui mènent à torturer» et «respecter sa propre conscience», il se passait possiblement deux choses.

1. Soit la tension était tellement forte - par exemple si le tortionnaire voyait et entendait se tordre de douleur la victime - qu’elle se brisait entrainant la fuite du cobaye qui refusait de continuer l’expérience.

2. Soit, les cobayes profitaient de la faille que créait une dispute entre les experts dirigeant l’expérience pour pouvoir arrêter leur participation à l’exercice.

Qu’est-ce-que cela nous enseigne sur la situation actuelle et les disputes entre ceux qui suivent les directives et ceux qui ne veulent pas les suivre?

1. Nous vivons des tensions entre notre désir de liberté, si cher à notre cœur depuis le siècle des lumières -et même avant- et des contraintes qui nous en privent. Cela fait des siècles que nous avons appris des codes favorisant notre vie en communauté et voilà que certains codes disparaissent pour être remplacer par d’autres. Nous nous sentions libre de nos faits et gestes et aujourd’hui, on nous impose de ne plus sortir de chez soi, de ne pas se serrer la main, de se laver les mains, et de nous voiler la face en portant un masque!

Cette tension entre désir de liberté et contraintes se brise parfois, permettant à certain de s’en éloigner en refusant de perdre des comportements de ce qu’ils pensent être de leur liberté.

2. A notre époque, il y une grande remise en question des représentants de l’autorité. Une grande partie de la population la rejette même totalement. Les disputes entre d’éminents experts tant scientifiques que politiques font qu’il nous est beaucoup plus difficile de reconnaitre une et une seule autorité. La conséquence en est que nous ne pouvons compter que sur notre propre expertise alors que nous naviguons au milieu d’un océan de connaissances!

Ce que l’approche émotivo-rationnelle peut nous apporter?

En ces temps, nous vivons en perpétuelle tension.

1. Tension entre nos habitudes sociales issues de notre éducation (donner la main, être assez proche physiquement et montrer son visage) et les nouveaux comportements sociaux (ne pas donner la main, garder une distance physique, porter un masque).

2. Tension entre notre souhait de libre arbitre et les contraintes que nous imposent nos autorités.

Afin de vivre le moins douloureusement possible cette tension, soit nous la diminuons, soit nous la brisons.

1. Diminuer cette tension signifie que nous acceptons que de nouveaux comportements remplacent ceux que nous avion appris. Ce sera le cas si nous faisons confiance aux autorités en acceptant qu’avec cette Covid-19 peu connue dans le monde, nous sommes confrontés à un océan d’informations. Que pour y naviguer, nous n’avons que notre petit guide construit pas à pas depuis notre naissance. Que maitriser toutes les connaissances, les conséquences, les tenants et aboutissants de ce virus et pour nous, comme pour tout êtres humains, chose tout-à-fait impossible. Aussi, comme sur un navire que nous ne saurions maitriser, il nous faut faire confiance à des experts.

Si nous avons confiance en nos autorités, nous acceptons leurs tris dans ces experts et suivons plus facilement leurs directives.

Certains autres experts pensent que cette soumission aux autorités est une abomination preuve d’une naïveté crasse. Pourtant, les suivre, c’est aussi se soumettre à une autorité: La leur!

Quelle que soit mon choix, suivre l’une ou l’autre de ces autorités, me permettra de diminuer ma tension.

2. Confrontés à une multitude d’expertises qui s’opposent nous pouvons également faire exploser cette tension en rejetant toutes formes d’autorité, en fermant nos oreilles au brouhaha ambiant pour pouvoir nous rappeler nos propres valeurs. Quelles priorités nous invitent-elles à mettre en avant?

Nous inspirant du pari du philosophe Blaise Pascal, sachant que -comme tous êtres humains– nous pouvons nous tromper, demandons-nous:

1. Est-il plus avantageux de croire en quelque chose (l’existence de la dangerosité du Covid-19, l’utilité des gestes barrières, …) alors qu’il n’existe en fait pas? ou

2. de ne pas y croire alors qu’il existe?

Soit:

1. Est-il plus important de ne pas suivre ce que nous demandent les autorités et de nous sentir libre? ou

2. de suivre les demandes, en souhaitant protéger les plus faibles d’entre nous, alors que les autorités se trompent ou cherche à me manipuler?


Je vous souhaite bon courage et vous invite à fermer votre troisième oreille branchée sur le brouhaha médiatique afin de vous permettre de vous écouter, vous-même, vos valeurs et vos désirs.


Bernard@TaER.ch